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Augmentation du capital d’EDF

Le 24 octobre dernier, le gouvernement annonçait l’augmentation du capital d’EDF. Le 27 octobre, le groupe tenait un conseil d’administration. Voici la déclaration qu’y a faite l’administrateur parrainé par la FCE-CFDT.


Le 24 octobre dernier, le gouvernement annonçait l’augmentation du capital d’EDF. Le 27 octobre, le groupe tenait un conseil d’administration. Voici la déclaration qu’y a faite l’administrateur parrainé par la FCE-CFDT.

« Monsieur le Président,
J’interviendrai seulement sur le principe d’ouverture du capital d’EDF, non sur les modalités qui en découleront.
Il y a quelques jours, vous vous êtes adressés au personnel d’EDF pour lui dire que son groupe traversait un moment historique. Vous avez raison. D’ailleurs depuis le 9 août 2004, EDF est en train de prendre un virage historique avec son passage en Société Anonyme, la filialisation de RTE, et aujourd’hui l’ouverture de son capital. Mais je ne suis pas sûr du tout que les salariés du groupe, en particulier les agents de la maison mère, partagent votre satisfaction. Ils n’ont pas souhaité les évolutions qui sont en cours depuis quelques années, ils les subissent.

Bien sûr, ils partagent avec vous les valeurs contenues dans le Contrat de Service Public, qui a le mérite d’exister aujourd’hui. Bien sûr, ils ont de l’ambition pour leur groupe, qu’ils soient ouvriers, techniciens ou cadres. Ils adhérent à votre projet industriel, plus qu’ils n’ont adhéré au précédent. Et ils partagent l’idée d’un EDF leader européen en matière d’énergie. Mais ils subissent aussi toutes les actions menées pour rendre EDF plus rentable et attirer les futurs actionnaires. Leur offrir l’actionnariat salarié en échange, ne suffira pas à obtenir leur adhésion à ce qui se décide aujourd’hui.

L’ouverture du capital, qu’elle se fasse par augmentation ou par cession d’actions, ils ne l’ont pas voulue, ils ne la comprennent pas toujours. Les plus déterminés risquent de le dire violemment, ce que personne ne souhaite. Les plus modérés accompagneront votre projet, mais sans l’enthousiasme que vous imaginez. Ils auraient préféré que l’actionnariat d’EDF reste totalement public.
Comme vous le leur dites dans votre courrier, ils seront collectivement les premiers actionnaires après l’Etat. Certes, mais ils n’imaginent pas un seul instant pouvoir peser sur l’avenir du groupe, parce qu’ils en détiendront 2,25%. Je ne crois pas qu’il soit bon pour EDF d’utiliser ce leurre. Nous aurons, nous administrateurs salariés, encore bien du pain sur la planche pour faire valoir, dans ce conseil, un volet social complétant les perspectives économiques et financières que vous nous proposerez.

Cette ouverture du capital est somme toute idéologique, voire dogmatique, diront certains. J’ai l’impression que d’autres raisons auraient été trouvées si l’endettement avait été plus faible et les capitaux propres plus importants. L’essentiel était bien de se mettre dans les sens du vent libéral. Certains disent que c’est la faute des directives européennes, alors que l’Europe ne demande que deux choses : la concurrence (fin des monopoles) et la séparation juridique des activités. Elle n’exige rien sur le statut des acteurs de l’électricité. Elle n’a aucune exigence sur la composition de leur actionnariat. Donc l’ouverture du capital d’EDF est bien un choix politique français, et seulement cela.

Vous avez simplement oublié une chose. C’est que l’électricité n’est pas une marchandise comme une autre. Je crains que demain la logique qui prévaut à la protection des plus démunis se retrouve bien faible face aux appétits gourmands des grands institutionnels, alors actionnaires d’EDF.

Je crois que, même lorsqu’on est fondamentalement opposé à une décision ou un choix, et c’est mon cas pour ce qui concerne l’ouverture du capital d’EDF, il faut savoir rester honnête. Aujourd’hui, je prends acte que cette ouverture de capital qui se fera par augmentation et non par cession d’actions, hors obligations de la loi de 1986 pour l’actionnariat salarié bien sûr, servira au développement du groupe. Le pire des scénarios aurait été que l’Etat choisisse de se séparer de ses actions pour réduire son déficit budgétaire, ou qu’il ait fait le même choix que pour Gaz de France.

J’en prends acte, mais je voudrais que les représentants de l’Etat me disent où sont passés les 500 M€ de capitalisation promis par Nicolas Sarkozy. Et je prends date, en demandant à chacun d’entre nous d’être extrêmement vigilant après le printemps 2007, car il reste encore à faire. Nous sommes encore loin du seuil de 30% fixé par la loi du 9 août 2004. La tentation peut être grande pour l’Etat de venir chercher chez nous une solution pour son déficit budgétaire.

Enfin, je voterai contre les délibérations proposées parce que je suis intimement convaincu qu’EDF aurait pu mener à bien son projet industriel, sans faire appel à des capitaux privés. Nous sommes partis d’un « EDF va mal » en sortie de Commission Roulet, pour passer par un « EDF va mieux » lors de la présentation des comptes annuels 2004, pour arriver à un « EDF va bien et ira de mieux en mieux » lors de la présentation des comptes semestriels 2005. Pourquoi ne pas continuer sur cette lancée ? Pourquoi vouloir casser un si bel édifice ?

Je ne comprends pas, le personnel ne comprend pas non plus. Et ce n’est pas en comptant le nombre de salariés qui achèteront des actions dans les prochaines semaines que vous trouverez la réponse. Ne vous y trompez pas, ce n’est pas un critère suffisant. »

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